https://archive.is/JDxrt Le Bolchévik nº 193 Septembre 2010
Comment PS et PC, NPA et LO capitulent aux campagnes racistes que mène Sarkozy pour diviser la classe ouvrière
2 septembre – La crise économique mondiale entre maintenant dans sa troisième année. C’est la crise économique la plus grave depuis celle de 1929, avec des conséquences dévastatrices pour les travailleurs dans le monde entier. L’impérialisme français, pour tenir le coup face à son rival allemand plus performant, doit détruire en masse les acquis ouvriers (voir l’article de nos camarades allemands en dernière page de ce journal). Le gouvernement, qui doit mener contre la classe ouvrière l’une des attaques majeures de la mandature, la mise en pièces du système de retraites, s’est lancé dans une fuite en avant sécuritaire raciste pendant l’été : mise en état de siège permanent de cités ouvrières tout entières comme le quartier de la Villeneuve à Grenoble, criminalisation de toutes les communautés de gens du voyage et Roms, avec expulsions massives à la clé vers la Roumanie, campagne pour réviser le droit de la nationalité.
Comme souvent, le gouvernement a agité comme bête noire un réactionnaire islamiste peu susceptible de susciter la sympathie des travailleurs et des femmes, un certain Liès Hebbadj, pour menacer de déchéance de nationalité, et donc potentiellement d’expulsion du territoire, toute personne « d’origine étrangère » polygame, qui aurait « attenté à la vie d’un policier », ou plus vaguement qui aurait commis des actes de délinquance graves. Le récent procès de Villiers-le-Bel montre que n’importe quel jeune de banlieue avec la « mauvaise » couleur de peau qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment peut se retrouver derrière les barreaux pour des années (voir la déclaration du Comité de défense sociale page 2). Demain cela pourrait faciliter l’expulsion de nombreux jeunes vers le pays d’origine de leurs parents, dont ils ne parlent aucune langue et où ils n’ont peut-être même jamais mis les pieds. Cela représenterait aussi une menace directe contre les militants syndicaux d’origine maghrébine et africaine qui oseraient défendre leur piquet de grève contre une brutale attaque de flics.
Le mouvement ouvrier doit combattre en bloc et repousser les campagnes racistes du gouvernement, que les victimes fassent ou non elles-mêmes partie de la classe ouvrière. Le poison du racisme est l’une des principales armes de la bourgeoisie et de ses lieutenants sociaux-démocrates dans la classe ouvrière pour attaquer le mouvement ouvrier en le divisant selon des lignes ethniques, raciales et religieuses, selon le vieux principe « diviser pour mieux régner ».
La lutte contre la terreur raciste du gouvernement est non seulement indispensable à l’autodéfense du mouvement ouvrier, elle est nécessaire pour que la classe ouvrière dépasse le cadre étroit de ses luttes économiques. La lutte économique a pour objet de défendre ou augmenter les salaires directs ou indirects perçus par les travailleurs ; il s’agit de préserver ou augmenter la part revenant aux travailleurs de la plus-value qu’ils ont eux-mêmes intégralement créée par leur travail ; la lutte économique, quoique nécessaire, reste donc dans le cadre du système capitaliste. Les réformistes cherchent constamment à limiter la perspective des travailleurs à ces luttes économiques. Ils ne cessent de parler de « diversion » à propos des attaques racistes du gouvernement. Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), a ainsi déclaré (l’Humanité, 25 août) : « le vrai piège serait de faire la rentrée sur l’insécurité, alors que la question numéro un, c’est l’insécurité sociale et la délinquance financière, à laquelle on ne s’attaque pas ».
Loin de simplement considérer ces attaques racistes comme « la vieille recette de la diversion » (titre de Tout est à nous, le journal du NPA, le 29 juillet), la classe ouvrière doit riposter de front, prenant la tête de toutes les luttes contre l’oppression pour rallier derrière elle les opprimés dans une lutte générale pour renverser le capitalisme tout entier. Il faut forger, dans les luttes des ouvriers et des opprimés, le parti ouvrier révolutionnaire multiracial et multiethnique dont a besoin la classe ouvrière pour mener à bien une révolution socialiste victorieuse, comme la Révolution russe de 1917, la première révolution ouvrière victorieuse qui renversa la dictature du capital et instaura celle du prolétariat. La Ligue trotskyste représente le noyau dont émergera un tel parti, modelé sur le parti bolchévique de Lénine. Comme l’écrivait celui-ci 15 ans avant 1917 :
« Tout secrétaire de trade-union [syndicat] mène et aide à mener la “lutte économique contre le patronat et le gouvernement”. Et l’on ne saurait trop insister que ce n’est pas encore là du social-démocratisme [comme on appelait à l’époque le marxisme révolutionnaire] ; que le social-démocrate ne doit pas avoir pour idéal le secrétaire de trade-union, mais le tribun populaire sachant réagir contre toute manifestation d’arbitraire et d’oppression, où qu’elle se produise, quelle que soit la classe ou la couche sociale qui ait à en souffrir, sachant généraliser tous ces faits pour en composer un tableau d’ensemble de la violence policière et de l’exploitation capitaliste, sachant profiter de la moindre occasion pour exposer devant tous ses convictions socialistes et ses revendications démocratiques, pour expliquer à tous et à chacun la portée historique de la lutte émancipatrice du prolétariat. »
– Que faire ?
Pour une lutte de classe contre le démantèlement des retraites !
Les bureaucraties syndicales se sont jusqu’à présent contentées d’appeler à une journée d’action le 7 septembre. Mais il n’est pas dit qu’elles parviendront à éviter ainsi une lutte de classe de grande ampleur, tant la colère des travailleurs est grande contre ce gouvernement et ses attaques. Les bureaucrates, eux, sont convaincus que les travailleurs devront faire des sacrifices : la CGT est depuis le printemps prête à accepter une augmentation des cotisations retraite des salariés, c’est-à-dire une diminution des salaires (voir les déclarations d’Eric Aubin, responsable du dossier retraites à la CGT au monde.fr le 4 mai, disponible sur le site de la CGT). Quant à la CFDT, elle a accepté lors de son congrès de juin l’augmentation de la durée de cotisation, c’est-à-dire une diminution des retraites (le Monde, 12 juin).
FO et SUD se sont prononcés pour le retrait pur et simple du projet, le SUD ayant déposé un préavis de grève illimitée à partir du 7 septembre à la RATP, un secteur où il est faiblement représenté. FO et SUD cherchent à se donner un profil plus combatif à un moment où les nouvelles règles de représentativité syndicale menacent dans de nombreux cas d’éliminer ces deux fédérations, au profit de la CGT et de la CFDT, de la course aux mandats électoraux et aux subsides patronaux et gouvernementaux qui leur sont associés.
Lors de la grève de novembre 2007 en défense des retraites à la SNCF, où SUD est beaucoup mieux implanté, SUD-Rail avait en réalité pour objectif principal d’être reconnu comme un « partenaire social » à part entière. Dès le premier jour de la grève, SUD-Rail avait déclaré que « le but n’est pas de s’installer dans la grève mais de donner un message fort au gouvernement » (le Monde, 14 novembre 2007). Pourtant les cheminots ont poursuivi héroïquement la grève pendant près de dix jours, face à une violente campagne anti-grève du gouvernement et de la bourgeoisie. Comme nous le soulignions dans notre article « Collaboration de classes et trahison de la grève des cheminots par la bureaucratie syndicale » (supplément au Bolchévik n° 182, mars 2008) : « tandis que dans les AG les petits bureaucrates de SUD parlaient de continuer la grève, leurs dirigeants magouillaient avec les patrons et le gouvernement en faisant des propositions sur “le cadrage de la réforme”, c’est-à-dire acceptaient le principe de l’attaque contre les retraites. »
Les syndicats sont l’organisation élémentaire de défense des travailleurs contre leurs patrons. Mais, notamment en France, ils n’organisent qu’une petite fraction de la classe ouvrière, essentiellement dans les grandes entreprises, le secteur semi-public et le secteur public. Ce sont des secteurs où il reste encore des acquis des luttes passées, qui sont aujourd’hui dans le collimateur des capitalistes déchaînés dans leur soif de profit depuis la contre-révolution capitaliste en Union soviétique il y a près de 20 ans.
Les dirigeants syndicaux s’appuient sur une mince couche de travailleurs relativement privilégiés, qui du coup identifient faussement leurs intérêts à ceux des capitalistes. Près de 30 % des membres de la CGT seraient aujourd’hui dans la catégorie des ingénieurs, techniciens et cadres. La bureaucratie syndicale tire de plus en plus ses revenus, ses permanents syndicaux, ses sinécures dans des organes de gestion et de consultation divers, des subventions directes des patrons et de l’Etat capitaliste lui-même. Qui paie les violons choisit la musique : les bureaucrates se préoccupent moins de recruter de nouveaux militants et de ramasser leurs cotisations que d’obtenir des voix aux élections organisées par les patrons, sur la base desquelles sont répartis les subsides capitalistes. Aussi dans les journées d’action contre les attaques gouvernementales, loin de chercher à organiser de véritables grèves qui bloquent la production, ils se contentent de faire du chiffre dans la rue, pour monnayer le nombre de manifestants comptabilisés contre quelques concessions à la table de négociations.
Il faut lutter pour syndiquer les non-syndiqués, c’est-à-dire notamment les intérimaires, CDD, sous-traitants et autres travailleurs à statut précaire, qui sont en majorité des femmes, des immigrés avec ou sans papiers, des jeunes de banlieue. Cela implique de lutter contre les discriminations qui frappent ces couches de travailleurs. Pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui sont ici ! Pour rompre avec la politique de collaboration de classes des bureaucrates où chaque appareil syndical brise alternativement la grève appelée par l’autre, il faut lutter pour une direction révolutionnaire des syndicats, à la tête de véritables syndicats industriels, c’est-à-dire regroupant tous les travailleurs d’une même industrie dans un seul syndicat.
Le « front populaire » : une alliance avec la bourgeoisie qui enchaîne la classe ouvrière
Cette perspective pose la nécessité d’un programme politique révolutionnaire, et donc d’une lutte politique contre les organisations réformistes qui représentent un obstacle à la prise de conscience révolutionnaire du prolétariat et qui cherchent inlassablement à canaliser les luttes vers les prochaines élections. A un an et demi des élections présidentielles, le Parti socialiste (PS) est en train de se positionner pour reprendre des mains de Sarkozy le flambeau du gouvernement capitaliste. Les dernières élections régionales ont tracé les contours d’un nouveau « front populaire », c’est-à-dire une nouvelle alliance de collaboration de classes entre les Verts (un parti totalement bourgeois), le Parti socialiste et le Front de gauche ; ce dernier est constitué d’un bloc du PCF, du Parti de gauche (PG), lui-même issu du PS avec le renfort notamment de bourgeois républicains de type chevènementiste, et de quelques groupuscules petits-bourgeois. PS, PCF, PG ont un programme bourgeois de gestion du capitalisme, une direction complètement dédiée à l’ordre bourgeois, mais ils conservent des liens avec la classe ouvrière à travers la bureaucratie syndicale et continuent à prétendre, plus ou moins, qu’ils défendent les intérêts des travailleurs contre les riches capitalistes.
Depuis 100 ans en France les réformistes qui dirigent le mouvement ouvrier ont maintes fois pris part à la gestion de l’appareil d’Etat capitaliste, donc inévitablement contre les travailleurs. Ils ne l’ont jamais fait de façon indépendante : ils l’ont toujours fait dans le cadre d’un « front populaire », en alliance avec des partenaires ouvertement bourgeois, ce qui leur permettait à la fois vis-à-vis de la bourgeoisie de garantir qu’ils n’allaient jamais transgresser les intérêts bien compris de la classe capitaliste, et vis-à-vis de leur base ouvrière de prétendre que leurs mesures anti-ouvrières étaient dues aux vicissitudes de l’alliance avec ces bourgeois « progressistes ».
Ces alliances, du fait qu’elles enchaînent la classe ouvrière à l’ennemi de classe, conduisent toujours à la défaite pour les travailleurs, et c’est pourquoi nous nous y opposons par principe. Dans les meetings du Front de gauche au contraire, les orateurs se succèdent pour revendiquer un nouveau front populaire (voir par exemple l’Humanité du 9 juin) en se référant à Juin 36. Mais justement en Juin 36 il y avait la possibilité d’une révolution ouvrière. Les staliniens du PCF, loin de créer des conseils ouvriers (soviets) pour préparer la prise du pouvoir prolétarien comme en 1917 en Russie, mirent en avant la nécessité de ne pas effrayer leurs alliés radicaux dans le Front populaire et canalisèrent la grève générale vers quelques réformes votées au parlement ; ils firent retourner les ouvriers au travail et les démoralisèrent petit à petit, au fur et à mesure que les quelques acquis de la grève étaient remis en cause et qu’approchait la guerre. Le parlement du Front populaire (moins les députés du PCF, qui avait été interdit lors de la déclaration de guerre) finit par voter les pleins pouvoirs à Pétain.
Que ce soit un gouvernement capitaliste de droite réactionnaire ou que ce soit un gouvernement capitaliste de gauche, son boulot est nécessairement de cogner sur les travailleurs. Le bilan des sociaux-démocrates sur la question des retraites est particulièrement lourd. La première grande attaque contre les retraites en 1993, après le retour de la droite, avait été d’abord formulée en 1991 dans le « livre blanc » du gouvernement PS de Mitterrand-Rocard ; la droite revenue au pouvoir n’avait fait que mettre en œuvre ce que la gauche avait mis dans les cartons gouvernementaux. Puis en 1999, sous le gouvernement PS-PCF-Verts de Jospin-Buffet, c’est le rapport Charpin qui avait annoncé le report de l’âge de départ à la retraite allant jusque 65 ans et l’allongement de la durée de cotisation jusqu’à 42 ans et demi, des propositions encore plus drastiques que l’actuel plan de Sarkozy-Woerth ! Jospin avait reculé devant les protestations ; il voulait attendre d’être élu président pour mettre en œuvre le rapport Charpin ; c’est la droite qui l’a ensuite mis en œuvre après 2002, en deux temps : 2003 puis aujourd’hui.
C’est dire qu’il n’y a rien à attendre d’un gouvernement de front populaire en 2012, alors que les réformistes se mettent déjà à chercher à canaliser les luttes vers le « battre Sarkozy ». Le PS accepte ainsi aujourd’hui un allongement de la durée de cotisation, c’est-à-dire un abaissement du montant des retraites à durée de travail égale. C’est dire aussi le cynisme des organisations à gauche du PS qui ces jours-ci parlent de faire l’unité avec ce même PS en manipulant l’aspiration légitime à l’unité ouvrière dans la lutte pour faire reculer le gouvernement. Besancenot s’adressait ainsi au PS (l’Humanité, 9 juin) : « Les conneries, ça suffit, on y va ensemble […], en parlant d’une seule voix et sans trembler, pour la retraite à soixante ans et à taux plein ! »
PCF ou NPA reparlent du CPE comme d’un modèle de lutte qui avait fait reculer le gouvernement. Il est vrai que la mobilisation ouvrière avait forcé le gouvernement à retirer cette attaque début 2006. Mais, un an plus tard, toute la gauche, y compris la LCR (prédécesseur du NPA de Besancenot) et Lutte ouvrière (LO), appelait à « battre Sarkozy », c’est-à-dire voter Ségolène Royal du PS. Ces organisations n’ont au fond aucune autre perspective politique à proposer qu’une nouvelle mouture du front populaire, car toute leur vision du monde est fermement limitée par le cadre du capitalisme. Ils veulent simplement un front populaire « de combat », surfant sur une mobilisation ouvrière (type Juin 36 ou CPE), mais avec le même résultat : que les partis ouvriers prennent part à la gestion du capitalisme. Besancenot soulignait à l’université d’été du NPA le 27 août : « l’issue des retraites ne se joue pas en 2012 mais, en revanche, beaucoup de l’issue de 2012 se joue dans la bataille des retraites. C’est maintenant qu’il faut affaiblir le gouvernement et la droite » (Tout est à nous, 2 septembre).
Verts, PS, PC, PG, NPA, LO : le nouveau front populaire républicain-sécuritaire
Dans toute l’Europe la bourgeoisie et les réformistes poussent le protectionnisme et le nationalisme, dressant les travailleurs derrière leur propre bourgeoisie et contre leurs frères de classe dans les autres pays de l’Union européenne et au-delà (voir l’article de nos camarades britanniques sur la grève réactionnaire de Lindsey, reproduit dans le Bolchévik n° 188). Sarkozy a ainsi mis en place avec la pleine participation de la bureaucratie syndicale des « états généraux de l’automobile » début 2009 ; il s’agissait de promettre des milliards aux grands patrons de l’automobile à condition que ne soient fermées des usines qu’à l’étranger – autrement dit, en promettant de sauver la production des trusts français (et surtout leurs profits), avec des travailleurs français. Comme le faisait remarquer l’un de nos camarades lors du grand meeting de LO sur l’automobile lors de sa dernière fête en mai dernier (malgré les vociférations des « démocrates » de LO pour faire taire notre intervenant) :
« LO a écrit à l’époque plusieurs articles sur ces états généraux mais pas un seul ne s’est opposé à ce poison chauvin qui pénètre ainsi dans les consciences des ouvriers, en particulier de l’automobile […]. En fait, c’est pour mieux défendre la politique de ses propres camarades dans les directions syndicales qui servent au final la politique de la bourgeoisie. »
Vu la capitulation des réformistes, voire leur participation active (PCF) aux campagnes protectionnistes, leur réaction n’est nullement surprenante face au déchaînement raciste du gouvernement cet été. La gauche s’est livrée à un véritable exercice de légitimation de l’offensive sécuritaire du gouvernement en dénonçant celui-ci pour avoir réduit le nombre de flics (voir par exemple l’Humanité du 16 août). Pour eux, le problème de la politique sécuritaire du gouvernement, c’est qu’elle est inefficace et ne tient pas ses promesses.
Lutte ouvrière, qui a dénoncé les déclarations du PS que la « sécurité » était bien la première des « libertés républicaines » (Lutte Ouvrière, 20 août), n’en a pas moins profité pour prendre une nouvelle fois la défense des maires de gauche, déclarant que la délinquance aurait plus baissé à Lille, dont Martine Aubry, chef du PS, est maire, qu’à Nice, dont le maire est le ministre Estrosi (ibid.) Elle a aussi mentionné positivement le maire PS de Grenoble, qui a augmenté de 41 % les effectifs de la police municipale alors que ceux de la police nationale baissaient de 17 % (ibid.)
LO, tout en se plaignant que les maires de droite et de gauche « disposent des mêmes moyens de lutte réelle contre l’insécurité, c’est-à-dire d’à peu près aucun » (ibid.), contribue à sa mesure à l’arsenal répressif des villes quand elle fait partie de la majorité, en votant régulièrement des budgets qui incluent la vidéo-surveillance, la police municipale, etc. Ils ont même voté le budget de la municipalité PCF de Bagnolet quelques semaines à peine après l’attaque à la tractopelle menée le 10 février dernier par le maire contre un squat de travailleurs africains, une opération raciste conduite bien entendu au nom de la « sécurité » contre des soi-disant trafiquants, dealers et proxénètes (voir notre article paru dans le Bolchévik n° 192) ! Le discours occasionnel de LO sur le communisme révolutionnaire et l’internationalisme n’est qu’une décoration superficielle pour une pratique totalement réformiste.
La police, qu’elle soit municipale ou nationale, a pour fonction le maintien de l’ordre bourgeois par la violence. Toutes les campagnes sécuritaires ont pour objet de renforcer l’arsenal répressif, qui vise les opprimés et en dernier ressort la classe ouvrière. L’Etat, ce sont au fond des bandes d’hommes armés dont la fonction est d’empêcher toute révolte des opprimés et, au bout du compte, de mater la lutte révolutionnaire du prolétariat pour renverser ce système. C’est pourquoi on ne peut réformer l’Etat pour qu’il serve les intérêts des travailleurs, il devra être détruit au cours d’une révolution ouvrière.
La gauche a beau se plaindre que Sarkozy fasse le jeu du Front national de Le Pen, dont les sondages indiquent effectivement une montée considérable dans l’opinion, la gauche légitime elle-même le discours sécuritaire des fascistes qui affirment être les seuls à avoir un programme réellement efficace pour la sécurité. Pour le moment, les fascistes sont en France un phénomène essentiellement électoral. Sur le fond, le fascisme, ce sont des troupes de choc basées sur la petite bourgeoisie ruinée et enragée par la crise économique, mobilisées par le capital pour écraser le mouvement ouvrier. Si la crise continue à s’aggraver et que surgissait une montée révolutionnaire dans la classe ouvrière, la bourgeoisie impérialiste décadente, y compris celle des « droits de l’homme » issue des Lumières, n’hésiterait pas une seconde à déchaîner cette racaille barbare pour sauver sa dictature sur la classe ouvrière.
Un programme de transition vers la révolution socialiste
Le NPA a tenu un grand meeting européen à Paris le 15 juin qui a bien montré la banqueroute des sociaux-démocrates de gauche dans toute l’Europe. Chacun y allait de sa petite recette (généralement une petite mesure fiscale) pour soi-disant résorber la crise de la dette des Etats et/ou sauver les retraites : taxation des transactions financières et abolition des paradis fiscaux, taxation du capital, nationalisation des banques sous contrôle démocratique des travailleurs, etc.
Pour tous ces gens-là il suffit de quelques mobilisations des travailleurs pour faire pression sur les capitalistes jusqu’à ce qu’ils lâchent une ou deux mesurettes qui feront l’affaire. Au fond Lutte ouvrière a la même perspective aussi, centrée sur le fait que l’espérance de vie a augmenté moins vite que la productivité du travail depuis la Deuxième Guerre mondiale et qu’il suffirait donc d’allouer une petite partie de l’augmentation de la productivité pour permettre de « partir à la retraite bien avant 60 ans […]. Raison de plus pour être nombreux dans la rue le 7 septembre » (Lutte Ouvrière, 13 août).
Les mesures proposées par la gauche contre les attaques du gouvernement font l’effet d’une goutte d’eau à un moment où le gouvernement essaie de parachever la destruction des acquis chèrement arrachés par la classe ouvrière depuis 50 ans. Le système capitaliste n’a pas pour objet de mettre à la disposition du peuple les objets et services dont il a besoin ; il fonctionne uniquement pour le profit, accaparé par les capitalistes sur la base de leurs titres de propriété sur les moyens de production. Si le capitaliste ne licencie pas ou ne réduit pas les salaires ou les retraites, son taux de profit reculera au point qu’il perdra la confiance des marchés financiers, etc. ; le capitaliste jurera qu’il n’agit pas le moins du monde par misanthropie, d’ailleurs lui-même participe de sa poche aux œuvres de charité de l’église locale et du comité d’entreprise, mais que s’il n’attaque pas les travailleurs c’est toute l’entreprise qui fera faillite.
Le système capitaliste aujourd’hui refuse même la retraite à des travailleurs qui sont depuis longtemps usés jusqu’au bout par une vie d’exploitation. Et il démantèle le système de santé en le rendant inabordable aux travailleurs, financièrement et même physiquement avec les fermetures massives d’établissements hospitaliers et la diminution du nombre de médecins. Pour assurer sa survie, la classe ouvrière doit avancer toute une série de revendications comme le partage du travail entre toutes les mains valides, donc avec diminution du temps de travail et de l’âge de la retraite, sans perte de salaire. Il faut des investissements massifs dans le système de santé, y compris l’embauche de milliers d’infirmières et autres personnels indispensables à des soins gratuits et de qualité, accessibles à tous. Les femmes sont parmi les premières victimes de la crise et des attaques contre les retraites et la santé ; il faut en particulier rouvrir les centaines de maternités et de centres d’IVG qui ont été fermés ces dernières années, et en créer de nouveaux dans les quartiers ouvriers !
Ce n’est là qu’une petite partie de toute une série de revendications indispensables à la classe ouvrière. Les capitalistes diront qu’ils sont incapables de les satisfaire. Eh bien, comme le disait le révolutionnaire russe Léon Trotsky, que ce système périsse ! Le Programme de transition trotskyste, formé d’un ensemble de telles revendications, a pour objectif non pas d’adresser des suppliques auprès du parlement ou du gouvernement capitaliste, mais de montrer à la classe ouvrière la nécessité d’airain de renverser tout ce système par la révolution socialiste et l’établissement d’une économie nationalisée et planifiée, et de montrer la voie dans cette direction. Comme le montrent nos camarades allemands dans l’article en dernière page de ce numéro, cette lutte doit être indissolublement liée à une perspective internationaliste, pour les Etats-Unis socialistes d’Europe.
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La vague de grèves pour une augmentation des salaires et de meilleures conditions de travail qui a balayé la Chine ces dernières semaines doit être soutenue par tous les travailleurs conscients du monde. Les grèves ont commencé le 17 mai dans une usine de boîtes de vitesse Honda à Foshan, dans la province méridionale du Guangdong, que les ouvriers ont arrêtée pendant près de trois semaines. Avec l’arrêt des livraisons de pièces fabriquées par cette usine, la production s’est arrêtée sur toutes les chaînes de montage de Honda en Chine.
Après que les ouvriers eurent obtenu des augmentations de salaires d’environ 30 %, les grèves se sont étendues à d’autres usines dans le Guangdong, une région qui se développe à une vitesse accélérée, et au-delà. La plupart ont eu lieu dans des usines appartenant à des sociétés étrangères, notamment des constructeurs automobiles japonais. Les ouvriers ont aussi fait grève dans plusieurs usines appartenant à des sociétés taïwanaises, dont une usine d’articles en caoutchouc près de Shanghai, où une cinquantaine de personnes ont été blessées dans des affrontements avec la police, ainsi que sur des sites appartenant à des capitalistes chinois.
Les capitalistes étrangers et locaux qui opèrent en Chine ont amassé d’énormes profits par l’exploitation d’une force de travail en grande partie composée de travailleurs migrants originaires des campagnes. Beaucoup d’ouvriers sont obligés de travailler 60 à 70 heures par semaine pour des salaires à peine au-dessus du minimum vital. Les conditions qu’ils endurent ont été étalées au grand jour avec la vague de suicides, largement médiatisée, dans l’immense usine d’électronique Foxconn à Shenzhen, également dans le Guangdong. Au moins dix ouvriers se sont donné la mort cette année dans ce complexe industriel appartenant à des Taïwanais, où 300 000 ouvriers font de longues journées de travail, sous une discipline sévère, assemblant des ordinateurs et des téléphones portables pour Apple, Dell, Sony et d’autres grandes entreprises américaines et japonaises. En même temps, l’énorme concentration de travailleurs chez Foxconn montre l’immense puissance potentielle de la classe ouvrière chinoise.
Avec le développement économique considérable qu’elle a connu depuis plusieurs décennies, la Chine possède de loin la classe ouvrière industrielle la plus nombreuse du monde. Les luttes ouvrières menées dans ce pays ont donc une importance majeure. En résultat de la Révolution de 1949, le capitalisme a été renversé en Chine, et une économie collectivisée a été mise en place. Bien que déformé depuis le début par le régime de la bureaucratie du Parti communiste chinois (PCC) stalinien, ce renversement révolutionnaire était une immense victoire pour les travailleurs du monde entier. Malgré les empiétements capitalistes dus aux « réformes de marché » du régime du PCC, le cœur de l’économie est toujours basé sur la propriété nationalisée (voir « Les réformes de marché en Chine », le Bolchévik n° 177, septembre 2006).
Contrairement aux grands pays capitalistes, embourbés dans une profonde récession, avec des dizaines de millions d’emplois supprimés, l’économie chinoise a continué à se développer ces deux dernières années, même si le secteur de son économie tourné vers l’exportation a été assez secoué par la crise mondiale. C’est sa capacité à canaliser les ressources dans le secteur collectivisé qui a empêché la Chine d’être entraînée dans une crise économique profonde, du type de celles qui sont inhérentes au système capitaliste de production pour le profit. L’économie chinoise est à nouveau en train de se développer rapidement, ce qui produit une importante pénurie de main-d’œuvre. Les investissements de l’Etat dans les villes de l’intérieur de la Chine ont absorbé la plus grande partie de la main-d’œuvre qui migrait vers les usines des zones côtières de l’est.
Les grandes puissances impérialistes – Etats-Unis, Japon, Allemagne, etc. – sont toujours déterminées à restaurer le capitalisme et à ouvrir entièrement la Chine à l’exploitation capitaliste. De même que les travailleurs des pays capitalistes doivent défendre leurs syndicats contre les patrons malgré leurs directions traîtres, ils doivent défendre la Chine contre la contre-révolution capitaliste malgré le régime bureaucratique répressif et ses nombreuses concessions au capitalisme.
En mettant des travailleurs migrants sous-payés à la disposition des sociétés étrangères pour qu’elles les exploitent, la bureaucratie du PCC joue en fait le rôle de pourvoyeur de main-d’œuvre pour les impérialistes et les capitalistes chinois de l’extérieur. Il y a maintenant dans la bureaucratie elle-même un certain nombre d’éléments qui ont des liens, de parenté ou autres, avec des chefs d’entreprise capitalistes ; il y a plusieurs années, l’Assemblée nationale populaire, qui ne fait qu’entériner les décisions d’en haut, a voté une loi qui renforçait les droits de propriété des personnes et sociétés. Mais la base matérielle sur laquelle repose la bureaucratie n’en continue pas moins d’être la propriété collectivisée, dont elle tire son pouvoir et ses privilèges.
La classe ouvrière chinoise doit balayer la bureaucratie stalinienne parasitaire qui, à l’intérieur, a gravement affaibli le système de propriété nationalisée tout en conciliant l’impérialisme au niveau international. Il faut une révolution politique prolétarienne pour défendre et étendre les acquis de l’Etat ouvrier et mettre le pouvoir directement entre les mains de conseils ouvriers et paysans élus. Cela pourrait donner une impulsion à la révolution socialiste prolétarienne dans toute l’Asie capitaliste, y compris dans le bastion industriel qu’est le Japon, et dans le reste du monde. L’émergence d’une Chine dirigée par des conseils ouvriers et paysans inciterait aussi les travailleurs de Taïwan à renverser leur bourgeoisie, ce qui conduirait à la réunification révolutionnaire de la Chine.
La poudrière chinoise
Confronté à un mécontentement grandissant à la base de la société, le régime du PCC de Hu Jintao a freiné certaines mesures de « libre marché » au nom de la construction d’une « société harmonieuse ». Les bureaucrates du PCC multiplient les discours « pro-ouvriers », et les autorités de nombreuses provinces et grandes villes se sont senties obligées d’augmenter substantiellement le salaire minimum. Le régime bureaucratique du PCC ne défend les acquis incarnés dans l’Etat ouvrier déformé chinois que dans la mesure où il craint la classe ouvrière.
De façon inhabituelle, les dirigeants du PCC ont au début autorisé une abondante couverture médiatique des grèves, en particulier dans les usines appartenant à des sociétés japonaises. Ceci s’est accompagné d’une franchise tout aussi inhabituelle sur les inégalités sociales croissantes en Chine. Le China Daily (13 mai), citant un dirigeant de la Fédération panchinoise des syndicats (ACFTU), rapportait que la part du produit intérieur brut allant aux salaires des travailleurs était passée de 57 % en 1983 à 37 % en 2005. Un éditorial de Global Times (2 juin), journal dérivé du China Daily, écrivait :
« Il faut reconnaître qu’après trois décennies d’ouverture les travailleurs ordinaires font partie de ceux qui ont reçu la plus petite part de la prospérité économique […]. L’arrêt temporaire de la production dans les quatre usines Honda, à un moment de demande accrue du marché pour les automobiles de marques japonaises, souligne le besoin de protection organisée des travailleurs dans les usines chinoises. »
S’inquiétant sans doute de l’extension des grèves, la bureaucratie a depuis sévèrement restreint la couverture médiatique.
La plupart des dirigeants des grèves se trouvent être de jeunes travailleurs migrants, y compris notamment des ouvrières. Ils ont fait preuve d’une combativité et de talents d’organisation impressionnants, y compris en utilisant Internet et les SMS pour rassembler les travailleurs et suivre ce qui se passait à d’autres endroits. Détail révélateur, les ouvriers de Foshan et d’une autre usine Honda à Zhongshan ont décidé d’élire leurs propres délégués et comités de négociation indépendamment de l’ACFTU, la fédération syndicale officielle associée au PCC au pouvoir. Dans de nombreux cas, les bureaucrates de l’ACFTU ont collaboré ouvertement avec le patronat pour tenter d’obliger les ouvriers à reprendre le travail. Le 31 mai, des nervis envoyés par la bureaucratie syndicale ont physiquement attaqué les grévistes de Honda Foshan, faisant plusieurs blessés. Le lendemain, ces mêmes bureaucrates de l’ACFTU ont publié des excuses publiques, essayant en même temps de minimiser leur rôle dans cette agression.
Parmi les revendications avancées par les grévistes de Foshan figurait « une réorganisation du syndicat local ; des réélections doivent être organisées pour désigner le secrétaire général et les autres représentants ». Les grévistes de Zhongshan ont manifesté le 11 juin en exigeant de façon similaire le droit de choisir leurs propres délégués syndicaux. Même si les staliniens au gouvernement ont supprimé de la Constitution chinoise le droit de grève en 1982, plusieurs réformes du droit du travail en 2008 ont fait qu’il est plus facile aux travailleurs de s’organiser pour défendre leurs intérêts. Beaucoup de grévistes ont franchement dit aux journalistes qu’ils pensaient avoir le droit de se mettre en grève, en faisant référence aux réformes juridiques.
Une lettre ouverte publiée au nom du comité de négociation des grévistes de Foshan par Li Xiaojuan, une jeune ouvrière, déclarait :
« Nous devons maintenir un niveau d’unité élevé et ne pas nous laisser diviser par les représentants du capital […]. Les profits de l’usine sont le produit de notre dur labeur […]. Cette lutte ne concerne pas seulement les intérêts de nos 1 800 ouvriers. Nous nous préoccupons aussi des droits et des intérêts de tous les travailleurs chinois. »
– cité par le Financial Times (Londres), 10 juin
Il faut aux travailleurs chinois une direction lutte de classe afin de faire avancer la lutte pour arracher autant de concessions que possible des entreprises capitalistes qui les exploitent, pour combattre les ravages de l’inflation et améliorer leurs conditions de travail et de vie. Les travailleurs de l’industrie d’Etat ont aussi besoin d’une direction du même type pour protéger et améliorer leur niveau de vie et pour combattre les abus bureaucratiques. Dans le cadre de la lutte pour remplacer le régime parasitaire du PCC par des conseils ouvriers et paysans, il faut construire des syndicats libérés du contrôle bureaucratique. Même dans un Etat ouvrier avec une authentique démocratie ouvrière, des syndicats sont nécessaires pour se protéger contre de possibles empiétements et abus, et pour contribuer à la planification de la production et des méthodes de travail. Sur la question des syndicats dans le jeune Etat ouvrier soviétique, Lénine insistait que les communistes devaient lutter pour la direction des syndicats, sur la base de leur programme et de leur expérience au service de l’Etat ouvrier. Ils devaient être choisis par les ouvriers et non nommés par l’Etat.
La lutte pour des syndicats libérés du contrôle bureaucratique doit avoir pour point de départ la défense des acquis sociaux de la Révolution de 1949, contre l’impérialisme et la restauration capitaliste. C’est particulièrement important vu les manœuvres de forces procapitalistes comme le China Labour Bulletin (CLB), basé à Hongkong, qui réclame une « démocratie » à l’occidentale, autrement dit le pouvoir des exploiteurs capitalistes avec une façade parlementaire. Autrefois partisan de « syndicats indépendants », le CLB appelle maintenant à travailler à l’intérieur de l’ACFTU pour l’arracher au contrôle du PCC. Le CLB a beau chercher à se faire passer pour une organisation ouvrière, il s’agit d’un groupe contre-révolutionnaire qui a des liens directs avec l’impérialisme US. Son dirigeant, Han Dongfang, est également vice-président du World Movement for Democracy [Mouvement mondial pour la démocratie], une officine fondée et contrôlée par le National Endowment for Democracy [Fondation nationale pour la démocratie], une succursale notoire de la CIA.
Dans leur couverture de la grève, les médias bourgeois occidentaux évoquent le spectre de Solidarność, le « syndicat » anticommuniste polonais qui fut le fer de lance de la contre-révolution capitaliste en Europe de l’Est et en Union soviétique dans les années 1980. La ligne des médias, explicitement ou implicitement, c’est que les ouvriers chinois doivent faire grève contre le régime du Parti communiste et se prononcer pour le « libre marché ». De son côté, le régime du PCC évoque également le spectre de Solidarność, en prétendant (ce qui est faux) que toute opposition organisée à son pouvoir ne peut qu’être procapitaliste et contre-révolutionnaire. Dans un article publié dans le Wall Street Journal du 14 juin, Willy Lam, enseignant à l’Université chinoise de Hongkong, écrivait : « Dans les discussions à huis clos sur la situation dans le monde du travail, Mr Hu et d’autres membres du Politburo ont mentionné les mises en garde de feu le patriarche Deng Xiaoping sur la façon dont le mouvement polonais Solidarité a sapé les partis communistes dans tout l’ex-bloc de l’Est. »
Contrairement à la plupart de ceux qui, dans le monde entier, se réclamaient du socialisme, la Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste) s’est à l’époque opposée à Solidarność et a combattu jusqu’au bout la contre-révolution en Europe de l’Est et en Union soviétique. Mais ce qui se passe en Chine aujourd’hui n’est pas un phénomène de type Solidarność. L’émergence de Solidarność comme mouvement contre-révolutionnaire avait été déterminée par des facteurs qui n’ont pas de pendant en Chine, notamment l’enracinement profond de l’Eglise catholique en Pologne et le rôle du nationalisme polonais, qui était dirigé contre l’Union soviétique. De plus, les grèves actuelles en Chine protestent contre l’exploitation brutale dans de grandes entreprises capitalistes privées, ce qui n’existait pas en Pologne vers 1980. Il faut combattre vigoureusement toute illusion dans la « démocratie » capitaliste parmi les ouvriers chinois. Mais il n’y a aucune raison de penser que ce qui se développe aujourd’hui en Chine est un mouvement de masse procapitaliste.
Pour un gouvernement des conseils ouvriers et paysans !
Les grèves menées par des ouvriers migrants, qui sont dans l’intérêt de tous les travailleurs chinois, soulignent le besoin qu’il y a d’abolir le hukou, un système discriminatoire d’enregistrement des ménages mis en place par le régime du PCC. Ce système impose de sévères restrictions au droit d’habiter en ville, à l’éducation et aux soins médicaux pour les migrants originaires des campagnes et leurs enfants, ce qui rend leur existence en ville transitoire et précaire. Les emplois dans les entreprises d’Etat et les avantages sociaux qui les accompagnent restent largement réservés aux travailleurs qui ont un hukou urbain.
Le statut précaire des travailleurs migrants est une aubaine pour les exploiteurs capitalistes du secteur possédé par les étrangers ; ils y ont trouvé un réservoir idéal de main-d’œuvre qui peut être exploitée pour de très bas salaires. Beaucoup de jeunes ouvriers qui travaillent maintenant dans les usines ont grandi dans les villes avec leurs parents migrants, et pourtant ils ne sont pas non plus considérés comme résidents des villes à cause des restrictions scandaleuses du hukou bureaucratique. Les travailleurs migrants doivent avoir les mêmes droits et le même accès aux prestations sociales que les résidents urbains légalement reconnus !
Un gouvernement de conseils ouvriers et paysans élus représenterait tous les secteurs du prolétariat et des travailleurs ruraux. Les questions cruciales auxquelles l’Etat ouvrier est confronté ne pourront être résolues avec succès que quand ceux qui travaillent décideront. Dans la Révolution trahie (1936), une critique impitoyable de la bureaucratie stalinienne soviétique, Léon Trotsky expliquait : « Il ne s’agit pas de remplacer une coterie dirigeante par une autre, mais de changer les méthodes mêmes de la direction économique et culturelle. L’arbitraire bureaucratique devra céder la place à la démocratie soviétique. »
La politique pro-marché de la bureaucratie du PCC a renforcé les forces de la contre-révolution à l’intérieur de la Chine. En même temps, la puissance sociale de la classe ouvrière industrielle a considérablement augmenté du fait du développement économique. L’intégration d’au moins 150 millions de travailleurs migrants des campagnes dans l’économie urbaine chinoise est un facteur d’une importance potentielle énorme. Il faut un parti léniniste-trotskyste pour montrer la voie prolétarienne et internationaliste. Comme nous l’écrivions dans « Les ouvrières et les contradictions de la Chine contemporaine » (Spartacist édition française n° 39, été 2009) :
« Tôt ou tard, sans doute lorsque des éléments bourgeois à l’intérieur de la bureaucratie et dans sa périphérie décideront de se débarrasser du pouvoir politique du PCC, les tensions sociales grandissantes en Chine feront voler en éclats les structures politiques de la caste bureaucratique. Le jour où cela se produira, le destin de la Chine se jouera. Soit les ouvriers balayeront du pouvoir l’élite parasitaire par une révolution politique prolétarienne, en défendant et cherchant à étendre les acquis de la Révolution de 1949 pour faire de la Chine un bastion de la lutte pour le socialisme mondial, soit la contre-révolution capitaliste triomphera, ramenant avec elle les ravages de la domination impérialiste et de l’exploitation. »
Un gouvernement ouvrier et paysan révolutionnaire mettra un terme à l’arbitraire et à la corruption bureaucratiques. Il expropriera la nouvelle classe d’entrepreneurs capitalistes à l’intérieur du pays et renégociera les conditions des investissements étrangers conformément aux intérêts des travailleurs. Il créera une économie centralisée et planifiée dans les conditions de la démocratie ouvrière – et non du dirigisme bureaucratique et autarcique des années Mao. Luttant pour assurer au moins un niveau économique de base pour toute la population, une direction véritablement communiste sera consciente du fait que pour assurer à tous la prospérité matérielle, il faudra lutter pour la révolution socialiste dans les centres du monde capitaliste. La bureaucratie nationaliste du PCC s’oppose avec véhémence à cette perspective ; sa politique dérive du dogme stalinien de « construire le socialisme dans un seul pays ». Le fait que les ouvriers chinois des zones capitalistes soient exploités par des entreprises dont certaines exploitent aussi des travailleurs au Japon, aux Etats-Unis et ailleurs crée la possibilité d’une solidarité internationale, et démontre l’intérêt commun des travailleurs à lutter pour un monde socialiste.
La préservation et le développement des acquis révolutionnaires de la Chine et la modernisation générale de la société dans l’intérêt des masses travailleuses nécessitent une économie socialiste planifiée à l’échelle internationale, ce qui ouvrira la voie à un avenir communiste. C’est l’objectif de la Ligue communiste internationale, qui se bat pour reforger la Quatrième Internationale de Trotsky, parti mondial de la révolution prolétarienne.
— Traduit de Workers Vanguard n° 961, 2 juillet
http://www.icl-fi.org/francais/lebol/193/chine.html submitted by Médiapart publie le jeudi 31 mai un article sur les deux constructeurs automobiles ... des constructeurs sur les pièces automobiles. ... euros pour les automobilistes en dix ... WASHINGTON — Les visions opposées dans le secteur automobile continuaient de semer le doute sur la probabilité d'une entente à court terme sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), mardi, alors que les trois principaux acteurs étaient réunis pour ce qui pourrait être un dernier effort afin de dénouer l'impasse avant 2019. États-8nis pourraient imposer dans l’avenir sur les automobiles et les pièces au titre de l’article de leur loi. 3oint important, comme conditi on à la mise en œuvre du nouvel accord, le Canada a obtenu le 17 mai la levée des droits imposés sur l’aluminium Loi obligeant les fabricants de véhicules à fournir de l'information au sujet des caractéristiques de ceux-ci sur les étiquettes apposées sur les voitures et camions vendus aux États-Unis après le 1er octobre 1994. Articles d’appel Produits dont les prix sont réduits dans l’espoir qu’ils attireront des clients dans le magasin. Taxes douanières sur l'automobile: Trump accorde jusqu'à six mois de répit ... doit poursuivre les négociations d'accords" et devra "dans un délai de 180 jours" informer le président ...
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